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On m’a gentiment proposé d’écrire quelques lignes sur une expérience hors du commun. Une belle expérience de vie, que d’autres ont peut-être vécue ou voudraient vivre :

Celle d’une jeune étudiante en fac d’Histoire à Paris, qui monte le projet de partir pour une deuxième fois (après 6 mois à Rome) en échange Erasmus, à Bologne. Jusqu’ici, il n’y a rien d’«extraordinaire ». Pourtant cet échange universitaire n’est pas habituel car il ne correspond pas à l’idée que l’on se fait de l’étudiant Erasmus. En 2011, j’étais déjà partie à Rome, j’y avais passé 6 mois magnifiques et incroyablement féconds. Les 6 mois typiques d’un Erasmus : la coloc, les soirées, les voyages, les cours (mais pas trop), la découverte du pays, de sa langue, de ses coutumes, des autres étrangers, etc.

Cette année, je suis repartie en Italie, pour 6 mois encore, mais à Bologne cette fois-ci. Or, riche de mon expérience précédente, je savais ce qui m’attendrait. Aussi, je savais comment je souhaitais aborder et préparer ce voyage. Et mon souhait était de vivre pleinement immergée chez les Italiens, vivre leur rythme de vie, leur gastronomie, leurs mœurs, leur langue… La clef pour atteindre un objectif aussi gourmand était de vivre avec, et quasi strictement avec, des Italiens.

C’est là qu’entre en jeu la Fédération du Scoutisme Européen. En effet, grâce à la dimension européenne de la FSE et de son réseau (je ne remercierai jamais assez les personnes qui m’ont aidées), j’ai pu trouver une famille d’accueil à San Giovanni in Persiceto, une petite ville à 15 minutes en train de Bologne. Nous ne nous connaissions pas, mais qu’importe ! La seule mention « saluto fraterno » à la fin de nos mails me mit à l’aise ! Et puis, partir à l’étranger, n’est-ce pas partir vers l’inconnu ?

En février, j’ai donc déposé mes valises de grande voyageuse chez Giuseppe et Alessandra Agosta, et ce pour 5 mois ! J’ai été accueillie comme leur fille, et je suis devenue, en quelque sorte, la « grande sœur » de leur deux petites (6 ans et 1,5 ans). Très vite, grâce à leur disponibilité, leur générosité et leur simplicité, j’ai trouvé ma place dans cette famille italienne, et un équilibre s’est créé. Je n’étais pas fille au pair, car je n’avais pas à m’occuper des filles. J’étais une étudiante à la fac de Bologne (que je rejoignais tout les jours en train) mais qui vivait dans une famille italienne. J’ai donc pris leur rythme de vie (les repas, les horaires, les petites habitudes…), j’ai rencontré leur famille (grands-parents, oncles, tantes, cousins…) et leurs amis, j’ai participé à leurs activités (à la paroisse, à l’école des filles, aux sorties…), etc. J’étais donc, bien au-delà de l’usage de la langue italienne, complètement italianisée : mon souhait était donc atteint ! Mais ce choix de vie a complètement dépassé mes espérances. J’ai énormément reçu et beaucoup appris en vivant mon Erasmus de cette manière. J’ai eu la chance de rencontrer des gens formidables qui sont devenus de véritables amis, de partager des moments de fraternité entre deux nationalités différentes, j’ai appris et compris (dans le sens cum-prendere : prendre avec soi) beaucoup sur mon pays d’accueil et sur les Italiens, sur la France et les Français bien au-delà des clichés. Et, du fait de ma situation, j’ai appris beaucoup sur le sens de la famille, du mariage, de la responsabilité, de l’engagement que ce soit grâce aux parents ou grâce aux deux petites filles.

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Néanmoins, vivre dans une famille d’accueil en Erasmus n’est pas un choix toujours évident ; il est à prendre avec sérieux. Il engage tout autant la famille qui ouvre les portes de sa propre maison à un inconnu, que vous qui acceptez d’être accueilli et de monter dans le wagon d’une vie qui n’était pas la vôtre. C’est une expérience hors-normes qui apporte énormément, elle révèle beaucoup sur sa personnalité (ses limites aussi bien que ses qualités), elle ouvre le cœur et le corps à la disponibilité et à la générosité, elle demande l’effort de dire oui à l’inconnu, un corps étranger et de persévérer dans l’engagement pris. Au jour le jour, on ne se rend pas forcément compte de cette richesse car on est pris dans les choses quotidiennes (jouer avec les filles, changer la couche de la petite, participer à une fête, prendre le repas tous ensemble, faire un voyage, penser à ses examens…) mais c’est lorsqu’on en a marre, lorsqu’on voudrait sortir prendre un pot avec ses amis, lorsque le français vous manque, alors le sens et la richesse de ce qui est vécu vous frappe au visage.

J’ai eu aussi la chance de partager ma Foi avec « ma » famille. Vivre le Carême, l’élection du pape François, Pâques, le mois de Mai, les Messes du dimanche furent des éléments essentiels de ces 5 mois d’accueil, comme une sorte de ciment qui nous unissait au-delà de notre vie quotidienne commune. La famille Agosta fait partie aujourd’hui de ma vie et je ne les remercierai jamais suffisamment pour ces mois passés chez eux. Ils m’ont toujours laissée libre de participer ou non à leur vie, ils m’ont toujours laissée libre de rester ou de partir. Je crois que c’est cette liberté qui est la clef d’une telle réussite. Au fond, lorsqu’on y regarde de plus près, ce séjour reposait sur les valeurs scoutes et chrétiennes. Baden Powell a eu cette phrase dans sa dernière lettre : « …souvenez-vous toujours de votre promesse même lorsque vous ne serez plus un enfant », eh bien, l’accueil de Beppe et Alessandra est à l’image de cette injonction. Ils ont cette disponibilité du cœur qui leur permet d’enraciner leur vie dans l’engagement. Fidèles à leur promesse, ils ont construit leur famille sur la Foi, tout en restant ouverts à l’accueil d’autrui – moi en l’occurrence – dans une belle fraternité. Comme quoi, il est possible d’être fidèle à la très moderne intuition de Baden Powell, et à notre promesse !

À San Giovanni, une troupe scoute et une compagnie sont en projet à l’initiative de Beppe… peut-être qu’une guide-aînée française serait curieuse et désireuse de découvrir l’Italie sous cet angle ?

Un fraternel Salut Scout

Anne-Claire

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