En formant nos jeunes citoyens, il est donc essentiel d’essayer de leur faire acquérir l’habitude de collaborer joyeusement, d’oublier leurs désirs et leurs sentiments personnels, pour faire émerger le bien dans les œuvres ce qu’ils entreprennent, que ce soit du travail ou un jeu. On peut apprendre au garçon que c’est exactement comme au football. Il doit jouer à sa place et respecter les règles ; qu’il n’essaye pas d’être arbitre s’il est milieu de terrain, qu’il ne s’arrête pas de jouer parce qu’il en a marre du jeu, mais qu’il fonce, avec élan et confiance, un œil sur le but afin de faire gagner son camp, même s’il doit recevoir un coup au menton ou rouler dans la boue pour y arriver.

Mais la meilleure façon d’enseigner pour un chef scout est la force de l’exemple. S’il veut réussir à bien former le caractère de ses garçons, il est essentiel qu’il mette en pratique ce qu’il prêche. Les garçons imitent, et ce que le chef scout dégage, ils le captent et le reproduisent. Les instructions, et spécialement les ordres, peuvent avoir des effets différents et même opposés chez les garçons – ordonnez à un garçon de ne pas fumer et il sera immédiatement enclin à tenter l’aventure ; mais donnez-lui l’exemple, montrez-lui que n’importe quel imbécile peut fumer mais qu’un scout sage ne le fait pas, alors là c’est une autre histoire.

Donc il est de toute première importance que tout chef scout, avec cette grande responsabilité sur les épaules, s’examine de très près, supprime tous les petits défauts qu’il peut avoir – en fait, auxquels il est lié -, et s’exerce à pratiquer ce qu’il prêche, afin de donner le bon exemple à ses gars pour les aider à façonner leur vie, leur caractère et leur carrière. Il est écrit dans notre manuel qu’un scoutmestre devrait effectuer une période d’essai de trois mois avant d’être nommé officiellement.

Le but de ceci est de lui permettre de vérifier si le scoutisme est vraiment fait pour lui après tout, s’il est capable de faire abstraction de ses petits soucis et tracasseries personnels, d’endurer les nombreuses difficultés et déceptions de départ, d’endosser le rôle qui lui est assigné et de transmettre loyalement des instructions, même si elles ne sont pas exactement ce qu’il aimerait ; s’il peut, en un mot, jouer le jeu en tenant sa place pour le bien de l’ensemble.

S’il le peut, il rendra le meilleur service qu’un homme puisse rendre, à savoir enseigner à ses petits frères les grandes vertus d’endurance et de discipline, de courage et d’altruisme. Si, par contre, il ne le peut pas, la seule issue honorable pour lui est de démissionner plutôt que d’adopter une attitude peu virile – typique, de fait, de ceux qui échouent dans tous les domaines, en se plaignant de leurs prétendus droits ou de leur malchance.

 

(Extrait de Headquarters’ Gazette, juillet 1910)


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